Samedi 5 juillet : LE JOUR J !Lever à 5h pour cette longue journée, nous déjeunons rapidement puis chargeons les vélos dans la voiture pour descendre à Bourg d'Oisans. D'autres participants ont choisi l'option de descendre à vélo (
frisquet!) avec le risque de crever durant la descente, nous la jouons sécurité !
Nous arrivons au bas de la descente à 6h30 et nous préparons rapidement pour nous retrouver sur la ligne de départ 10 minutes avant l'heure de départ officiel. Nous avons la chance de partir ensemble, Ben et moi, étant donné que la première vague comprend les dossards de 1 à 2000.
La météo est parfaite, grand bleu, soleil à gogo et température douce dans la vallée, cela va chauffer durant cette journée !
Le départ est donné sur le coup de 7h et nous entamons en peloton la légère descente vers Rochetaillée, l'allure est raisonnable, entre 40 et 45 km/h. L’approche vers le Glandon se fait dans le calme et tout le monde se regroupe dans un immense peloton compact sur les premières pentes assez rudes du col. Nous doublons pas mal de monde tout en montant calmement au cardio.
Au Rivier d’Allemond, léger replat de l'ascension, nous dépassons un concurrent unijambiste
, respect !! Après une courte descente, nous entamons la deuxième partie du col avec une rampe à 12% qui nous emmène au-dessus du barrage de Grand Maison.
Le passage au sommet du col du Glandon La suite est moins pentue et nous atteignons le col du Glandon en 2h. Au sommet c’est l’effervescence. Tout le monde se précipite sur le ravito pour repartir au plus vite. Nous nous arrêtons 5 bonnes minutes pour recharger les batteries et surtout notre estomac.
Il s’agit ensuite d’entamer la descente du Glandon. Le Mont-Blanc nous surveille au loin de même que des signaleurs indiquent les virages dangereux. Finalement tout le monde est relativement prudent dans une descente assez technique dans sa première partie. Des groupes se forment dans la vallée pour se rendre vers Saint-Michel de Maurienne. L'allure est rapide mais l'effet peloton permet de ne pas se fatiguer de trop. Après 3h20, nous atteignons St-Michel de Maurienne pour attaquer la seconde ascension de la journée, le col du Télégraphe.
Virage à droite, passage sous le pont et nous entamons l'ascension, pas le temps de se poser de questions, le col du Télégraphe offre des pentes à 8% de suite. La chaleur commence à se faire sentir, les lacets s'enchaînent à un bon rythme. A 3km du sommet, je ne me sens pas bien, je transpire beaucoup et je perd peu à peu du terrain sur Ben. Celui-ci lève quelque peu le pied sur la fin et parvenons au col en 50 minutes.
Nous décidons de rejoindre directement Valloire pour profiter du ravitaillement. Le dernier kilomètre avant le ravitaillement avec une pente à 10% me fait mal et je dois m'arrêter quelques instants pour calmer le coeur.
Je décide de faire une longue pause à ce ravitaillement afin de recharger les accus. L'envie de vomir me saisit et je ne peux plus avaler quoi que ce soit de solide. A partir de ce moment, mon objectif change complètement. Il me faut oublier les 9h pour boucler la Marmotte et puiser dans les réserves pour simplement terminer le parcours. Je repars en même temps que Ben qui m'encourage mais 2 km plus loin, je dois me résoudre à le laisser filer, son rythme ne me convient plus, il est préférable que chacun continue à son rythme, on ne triche pas avec la montagne !
Rapidement, je perds de vue Ben et continue lentement mon parcours.
Il va falloir en découdre avec le Galibier maintenant. 18km de col dans la continuité du télégraphe… L’approche se fait péniblement. Je m’arrête régulièrement puis je reprend. Les jambes répondent bien mais c'est le coeur qui monte trop rapidement dans les tours et m'oblige à un nouvel arrêt ... Le Galibier a ceci de terrible que l’on a déjà monté 13km de col et que dans sa dernière partie on voit très loin devant et qu’à partir de Plan Lachat nous savons tous que la pente sera supérieure à 8% et souvent à 10%. Je fais donc une mini-pause avant Plan Lachat. Le paysage et majestueux au dessus de moi, les lacets sont colorés par les divers maillots qui avancent péniblement sur une pente bien visible à l’œil.
A droite, la route avant Plan Lachat, à gauche les lacets qui suivent ... Je m’élance donc à mon tour à l’assaut de ces pentes, j’approche de 2000m d’altitude. Il reste 6 km d'ascension, à raison d'un arrêt d'une minute tous les km, je parviens enfin au sommet du Galibier.
Les derniers mètres de l'ascension et le passage au sommet du Galibier Le ciel se couvre rapidement, je ne tarde pas pour entamer la descente de 45km pour rejoindre Bourg d'Oisans et le pied de l'Alpe d'Huez. Dans ma tête, les choses sont claires, dans l'état où je me trouve, pas question de monter les 14km de l'Alpe, je vais tâcher de rejoindre la voiture, boucler le Marmotton et monter en voiture rejoindre l'arrivée,
!
La descente très sinueuse au départ se passe bien malgré le vent violent de ce côté de la vallée. A partir du col du Lautaret, la descente de la vallée de la Romanche se fait avec le vent de face. Je me retourne pour attendre d'autres concurrents et nous nous regroupons à une dizaine pour nous relayer en tête. Le rythme me convient bien, les quelques faux-plats se passent beaucoup mieux que lors de la précédente édition.
Rond point de Bourg d'Oisans : à droite l’arrêt de la course pour le Marmotton, la sortie suivante, l’Alpe d’huez… Le corps réclame depuis longtemps l’arrêt, je rejoins la voiture située dans le virage à gauche au pied de la première rampe. De nombreux spectateurs entourent la voiture ... J'hésite ... Une partie de moi-même demande l'arrêt mais l'autre partie crie qu’il ne faut pas arrêter et aller au bout. Il s’agit de ne pas tergiverser longtemps sinon c’est certain je ne monterai pas. Je vide mes poches et ne garde que le minimum, un bidon d'eau et un gel. Ma décision est prise, je continue ...
Et cela à défaut de le vivre il faut le voir pour le croire. Personne n’a plus de regard un peu moqueur pour son voisin qui souffrira plus que lui dans la montée. A chaque virage, nombre de participants s’arrêtent, recherchent un peu d’ombre et un souffle qui n’existe plus. Je dois m’arrêter dès le premier virage, le braquet est trop important, la pente, la fatigue…tout est trop à ce moment. Est-ce que cela vaut la peine de continuer ? Les regards des camarades d’infortune me montrent que c’est pour tout le monde la même galère. Il faut continuer.
Virage 19 dans l'Alpe d'Huez, pour donner une idée de la pente ... A chaque virage c’est le même spectacle, sur la pente certains longent la falaise et s’arrêtent en s’y tenant, sans même déchausser…d’autres marchent à côté du vélo, mettent la tête entre le guidon, entre leurs mains, quel spectacle !!! L'ascension est interminable ... Encore 3km dont 2 de grimpette, le sommet est un peu moins difficile. Si il y a encore quelque chose à donner il faut le donner maintenant. Je dépasse mes derniers vélos, à l’entrée de l’Alpe d’huez, 500m avant l'arrivée dans la station, des secouristes s'occupent d'un cycliste, il terminera sa Marmotte dans l'ambulance avec un masque à oxygène !
Finalement je vois l’arrivée, toutes ces personnes qui applaudissent et nous disent « vamos, benga ! », « bravo », ou encore « allez » avec l’accent flamand… Ça y est c’est fini ! L’apocalypse continue sur le site d’arrivée entre civière, vomissement et couverture de survie. Mais quel plaisir d’avoir triomphé une nouvelle fois de cette Marmotte et peu importe le temps finalement ...
Bilan : 174 km - moyenne 20.2 - 5299 m de D+
Participant(s): Ben, Laurent
Bravo à Ben pour sa belle performance car boucler ce parcours, lors de sa première tentative, en 9h38, chapeau le beauf !!! Tu peux être fier !!
Je te laisse le soin de raconter ta vision de cette Marmotte 2008 ...