Cette année, je m'étais dis que si je terminais l'été en bonne forme et que si j'avais encore envie de me faire mal, je m'inscrirais sur le GRG et sa plus longue distance. Le GRG en est à sa 13ème édition et moi à ma 8ème participation sur le rendez-vous qui pour moi, me semble incontournable en Belgique. J'y ai fait toutes les distances proposées, et je me rapelle très bien lors de ma 1ère participation sur le 40 Km avec Eric Collin (par une météo épouvantable) voir partir des "extra-terrestres" sur une distance 4x supérieure à la nôtre. Un mythe pour moi dont je me suis rapproché progressivement lors de chaque participation.
Cette année, toutes les conditions sont là pour me permettre d'aborder le 160 Km sans trop d'appréhension. Condition satisfaisante, météo des jours précédents et du jour parfaite et bonne motivation. Seul bémol, je serai le seul membre du BT21 à pédaler sur le 160 (bande de lâcheurs...)
Pour moi le GRG commence le samedi fin d'après-midi. Je me rends à Bouillon avec toute ma famille pour assister à la dernière manche de l'épreuve de descente, retirer ma plaque ainsi que la puce mais également voir la fin du raid Xcape Trophy auquel notre ami Julien participait.Nous retrouvons Claire qui nous dit que nous arrivons à point. L'équipe de Julien boucle la dernière épreuve avec une fameuse descente en death ride, allant du château jusqu'au site en aval du pont de Cordemoy . Tout cela donne des envies pour les années à venir...(à bon entendeur...).
Dimanche 13, le jour J est arrivé. Levé à 5h15, arrivé à 6h30 sur le site de départ et préparation pour le départ prévu à 7h00. Il y a quelque 150 participants qui se préparent tout comme moi à en découdre avec la distance phare du jour. Et comme d'habitude sur les événements d'envergure, je ne peux que constater qu'il y a une majorité écrasante de bikers néerlandophones. 7h05 le top départ est donné et c'est à une allure beaucoup plus raisonnable que sur les VAL que le peloton s'allonge en quittant les contreforts de la cité ducale. Les chemins sont parfaits et le rythme est bon. Les 28 premiers Kms nous conduisant au 1er ravitaillement à Botassart sont avalés à une moyenne de 21 Km/h (sans doute pas très raisonnable...).
Comme d'habitude, le décor du GRG est grandiose. Par contre, le fléchage est sans doute juste suffisant pour une rando en solo, mais pour une course, c'est trop limite. Au Km 35, le petit groupe avec lequel je roule (composé de quelques flamands, 2 lyonnais et un bikers de Wellin) quitte le chemin principal et là nous prenons un single track assez éprouvant avec des passages techniques mais également des zones à pied. C'est en reprenant le chemin principal que nous avions quitté +ou- 10 minutes avant que l'on voit arriver une dizaine de particîpants du 160 Km roulant à vive allure. Avaient-ils loupé ou ignoré le single track, nul ne le sait mais il n'y avait pas de tapis pour valider notre passage sur ce single track.
Avec un coup pareil, le moral s'en ressent et subitement les jambes tournent moins rond. Je me fais une raison et relativise en me disant que l'objectif du jour était simplement de boucler l'aventure et que le classement avait peu d'importance. Les km continuent d'avancer et nous nous rapprochons de Rochehaut et du ravitaillement n°2 au Km 46 et là stupeur nous traversons ce beau village sans rien voir. Et oui vraissemblablement, nous sommes en avance sur le timing de l'organisateur car le ravito n'est pas encore installé. Personnellement comme d'habitude je roule avec deux bidons et je serai bientôt à sec. Je gamberge et ne me sens pas très rassuré car le prochain ravito est annoncé au Km 67. Après être descendu sur Poupehan, je m'arrête devant chez des particuliers et demande à une dame qui regardait passer les bikers de bien vouloir remplir mon bidon (me voilà sauvé).
Nous rejoignons ensuite Frahan puis remontons aussi vite vers Rochehaut pour redescendre cette fois sur Alle Sur Semois. A la sortie de Alle, inextrémis, je vois une bifurcation qui nous oblige à quitter le gros chemin. Je dois mettre tout à gauche pour être très vite obligé d'achever d'escalader à pied. A l'issue de ce single track, le même scénario que précédemment se reproduit, et là encore des participants du 160 arrivent en ayant fourni bien moins d"effort que nous. Et de nouveau pas de tapis pour valider notre passage. Ca fait mal au mental, la moyenne est toujours +ou- de 20 Km/h. Mais le parcours se corse et les sensations ne sont plus au top. J'arrive alors au Km 67 avec le ravito n°3 situé aux Croisettes (entre Corbion et Poupehan, je crois). Surprise, 2 supporters de luxe crient mon prénom et m'encouragent. Julien et Claire s'étaient déplacés pour me supporter et me ravitailler. Et oui pas d'eau claire au ravito, uniquement de la grenadine (un peu juste pour une telle organisation). Je repars ragaillardi et carrément poussé par Julien jusqu'au pied de la côte suivante qui nous fait remonter vers Corbion. Les chemins sont parfaits, les côtes et le dénivelé s'accumulent et plusieurs fois jusqu'au 4è ravito au Km 88 sur les hauteurs de Bouillon, j'ai droit à mon petit mais efficace fan club. Il est 12h00 à ce ravito et la 1ere boucle des 90 Km et ses 2300m de d+ est terminé.
C'est sous les encouragements que je repars pour la boucle des 70 Km qui doit être plus facile. Les chemins sont très roulants, les côtes pas trop pentues et les descentes passent à vive allure sans devoir fournir trop d'énergie. C'est à ce moment que je reçois un coup de téléphone de Laurent qui en sirotant son Orval d'après rando pensait à moi. Là aussi ses encouragements combinés à ceux de Ben font du bien. J'arrive donc au ravito de Dohan (Km 112) assez vite et sans trop de peine. Les sensations sont bonnes. Entre Dohan et Les Hayons, ravito 6 et Km 127, il faut littéralement s'arracher pour parvenir au sommet de 2 ou 3 côtes déjà rencontrées au Raid des Sorcières. Mon compteur annonce 3100 m de d+, il reste +ou- 30 Km et l'organisation annonçait 3300 m de d+ au total ( soit mon altimètre n'était pas fiable, soit c'était l'organisation et ce jour je fais plus confiance à mon compteur). Et comme de fait, les côtes continuaient à se succéder jusqu'au 7è ravito et encore après. C'est en arrivant sur le plateau de Noirefontaine que je sais qu'il n'y aura plus d'ascension. Après avoir traversé Curfoz en se dirigeant vers le belvédère qui surplombe Bouillon, je téléphone à Angélique et les enfants présents sur le site pour les prévenir de mon arrivée imminante.
La dernière descente s'amorce : stupeur, c'est celle qui a servi la veille pour la course de descente. Je peux vous dire qu'après 160 Km, il fallait redoubler de vigilance, pierres et racines étaient bien apprentes. Petite bifurcation dans le bas de la descente pour contourner le terrain de foot puis c'est l'apothéose. Mes enfants, Angélique ainsi que Claire et Julien sont là pour m'encourager une ultime fois dans les derniers mètres. Encore merci à eux. Après plus de 9 heures d'effort, l'émotion m'envahit. Que du bonheur.
Ce périple, je le recommande à tout qui veut se dépasser, les chemins sont agréables et le décor fabuleux. Petit bémol, mes compagnons de jeux habituels n'étaient pas avec moi aujourd'hui mais je tiens à tous les remercier pour leur soutien avant, pendant et après la course.
Excusez moi si j'ai été un peu long mais dimanche pour moi c'était long aussi.
Gauthier - GaëlleNathan - Angélique Petite précision. Je n'étais pas le seul du BT21 à rouler à Bouillon aujourd'hui. Angélique, Gauthier, Gaëlle et Nathan ont tous participé en faisant le 25 Km. Bravo à eux aussi.
Distance : 162 Km
Temps total : 9h15
Temps sur le vélo : 8h44
Vitesse moyenne : 18,5 Km/h
D+ : 3903 m